D’abord formée comme comédienne à l’École Nationale de Théâtre du Canada, Carole Fréchette a fait partie du Théâtre des Cuisines jusqu’au tournant des années 1980; elle y a participé à la création de trois spectacles. Parallèlement, elle a touché à plusieurs facettes de l’activité théâtrale : organisation de festivals, critique, etc. Elle se consacre à l’écriture depuis une vingtaine d’années. Ses pièces, traduites jusqu’à maintenant en dix-neuf langues, sont jouées un peu partout à travers le monde. Au cours des vingt dernières années, on a pu les voir au Québec, au Canada anglais, aux Etats-Unis, en France, en Belgique, en Suisse, au Luxembourg, en Allemagne, au Portugal, en Espagne, en Islande, en Grèce, en Hongrie, en Roumanie, en Russie, en Biélorussie, en Lituanie, en Croatie, en Slovénie, en Arménie, en Turquie, au Liban, en Syrie, en Palestine, au Mexique, en Argentine, en Uruguay, à Cuba, au Venezuela, au Japon, au Sénégal, au Bénin, en République Démocratique du Congo. Carole Fréchette est également l’auteure de deux romans pour adolescents, diffusés eux aussi en plusieurs langues (anglais, allemand, espagnol, italien, chinois) et elle a traduit en français la pièce de Colleen Wagner, The Monument , produite à Montréal en 2001. Tous ses textes de théâtre ont par ailleurs fait l’objet de lectures publiques et plusieurs d’entre eux ont été produits à la radio en France, en Belgique, en Suisse et en Allemagne. Les Sept jours de Simon Labrosse ainsi que Jean et Béatrice ont été adaptés pour la télévision.
Ses œuvres ont été saluées par de nombreuses récompenses, au Canada et à l’étranger. Deux fois récipiendaire du Prix du Gouverneur général, en 1995, pour sa pièce Les Quatre morts de Marie et en 2014, pour Small Talk, elle a été finaliste à ce même Prix pour La Peau d’Élisa (1998), Les Sept jours de Simon Labrosse (1999), Jean et Béatrice (2002), Serial Killer et autres pièces courtes (2008). À Toronto, sa pièce Les Quatre morts de Marie a été couronnée par le Prix Chalmers, et deux de ses textes ont été mis en nomination aux Dora Mavor Moore Awards. En littérature jeunesse, elle a été finaliste au Prix Montréal-Brive de même qu’au Prix M. Christie pour son roman Carmen en fugue mineure. Pour souligner son rayonnement dans l’espace francophone, la Société des auteurs et compositeurs dramatiques (SACD) lui décernait en 2002, à Avignon, le Prix de la Francophonie; elle recevait, la même année, à Toronto, le Prix Siminovitch, prestigieuse récompense accordée à un auteur de théâtre canadien pour l’ensemble de ses écrits. Sa pièce Le Collier d’Hélène lui méritait en 2004, le Prix Sony Labou Tansi des Lycéens, décerné à Limoges; son dernier ouvrage, Small Talk est finaliste à ce même prix pour l’édition 2016. En 2008, son texte La Petite pièce en haut de l’escalier a été parmi les cinq nominés au Grand Prix de littérature dramatique, en France. Enfin, elle a fait partie des finalistes au Prix Michel Tremblay pour Je pense à Yu (2012) et Small Talk (2015).
Très active dans le milieu théâtral, Carole Fréchette a présidé, de 1994 à 1999, le conseil d’administration du Centre des auteurs dramatiques, organisme voué au développement et à la promotion de la dramaturgie québécoise actuelle. Elle a donné, au fil des ans, de nombreux ateliers d’écriture, au Québec et en France, et elle fait régulièrement du tutorat au Programme d’écriture dramatique de l’École Nationale de Théâtre du Canada.
Son théâtre est généralement publié chez Leméac/Actes Sud-Papiers; deux de ses textes ont paru chez Lansman; ses romans sont aux Éditions de la courte échelle.
Née à Monréal au milieu du XXe siècle, un jour de canicule, d’un père comptable et d’une mère ménagère, deuxième d’une famille de quatre filles.
Grandi dans les années cinquante, entre « Papa a raison » et maman à la maison, entre grand messe du dimanche et « blondes have more fun ».
À 12 ans, rêvé en secret d’être actrice pour émouvoir en gros plan, comme Michelle Rossignol dans « Le Survenant ».
Devenue adulte en cheveux longs et pattes d’éléphant, au son de « The Times they are a changin » et « Mon pays ce n’est pas un pays ».
Pris le train de la révolution dite tranquille, secoué le social, l’intime, le politique, le sexuel, filé à toute vitesse vers la trentaine.
En cours de voyage, osé devenir actrice.
Fait du théâtre « engagé », sur la condition des femmes.
Pendant dix ans, affirmé bien fort que « Nous aurons les enfants que nous voulons » et que « Maman travaille pas, a trop d’ouvrage. »
Devenue mère en 1980, année du début de la fin des utopies.
Commencé à écrire.
Senti, un matin de mai 1983, que j’avais enfin trouvé ma place dans le théâtre. Moment de vertige et de joie.
Jamais arrêté d’écrire depuis.
Donné naissance à Marie, Simon, Élisa, Béatrice, Jean, Hélène, Grâce, Madeleine et les autres.
Souvent inquiète, angoissée, parfois nostalgique des années de feu et de fougue, mais jamais blasée.
Émue comme au premier jour quand surgissent du silence les êtres qui m’habitent.